Pour alléger les dépenses en matière de santé des ménages, la réforme « Reste à charge zéro » a été mise en place par le gouvernement pour entrer en vigueur dès le début 2019. Une analyse portant sur l’impact de cette mesure sur les cotisations des mutuelles a été par la suite réalisée, à laquelle la Mutualité Française a apporté quelques mises au point.

Soins auditifs, interventions dentaires ou pose de prothèse, visites chez un opticien ou achat de lunettes occasionnent tous des dépenses onéreuses. Le fait est qu'en dépit d'une couverture maladie, le reste à charge afférent peut encore demeurer au-dessus des moyens du patient. Raison pour laquelle bon nombre de ménages français, notamment les seniors, préfèrent s'en passer au risque de ne pas pouvoir entendre, sourire ou voir.
Une réforme du Reste à charge (RAC) zéro est alors de mise pour rectifier le tir. Un remboursement intégral dont l'impact sera sans aucun doute non négligeable pour les mutuelles. Ce qui risquerait de susciter une augmentation sur leur grille tarifaire. La Fédération nationale de la Mutualité Française a tenu à y apporter quelques éclaircies.
De nouvelles mesures impactant sur le prix d'une mutuelle santé
Si les soins et équipements dentaires, auditifs et oculaires peuvent sembler superficiels de prime abord, ils sont essentiels pour certaines catégories de personnes notamment celles du troisième âge. Or, ces types d'interventions médicales requièrent davantage de ressources financières étant donné qu'elles sont moins bien remboursées.
Il faut savoir qu'en dépit d'une couverture maladie, il faudra encore s'acquitter d'un reste à charge estimé à 850 euros en moyenne. Ce n'est alors plus étonnant si la plupart des patients renoncent aujourd'hui à se faire soigner. À titre d'indication, les deux tiers des retraités malentendants préfèrent se passer d'appareils auditifs à cause de leur prix. La Mutualité Française explique que :
« Ce qui coûte cher aujourd'hui, c'est l'absence de réforme du reste à charge zéro ».
Mais alors que les pourvoyeurs de complémentaire santé se veulent être transparents dans leur tarification, celle-ci évolue aux dépens des remboursements. Et l'organisation estime que :
« Il est encore trop tôt pour mesurer précisément le coût de cette réforme pour les complémentaires santé, car il dépendra du taux de recours aux paniers « RAC zéro » ».
Ce qui revient à rechercher un certain équilibre au niveau de chaque entité concernée, de manière à ce que la maîtrise de coût d'un appareillage (l'achat de lunettes, par exemple) puisse combler les suppléments de charges occasionnés par un autre (la pose de prothèses auditives ou dentaires).
Pour y parvenir, la Mutualité Française préconise un suivi étroit de la réforme afin d'avoir un œil sur les répercussions de cette dernière au niveau des garanties. Selon elle, cette initiative permettrait de :
« Mesurer notamment l'impact sur les remboursements des mutuelles. Et ce comité de suivi, sous la responsabilité de la ministre de la Santé, doit permettre de piloter la mise en œuvre de la réforme d'ici le 1er janvier 2021, dans l'intérêt des Français ».
Des répercussions quelque peu disparates
Des disparités au niveau des répercussions de la réforme « Reste à charge nul » incite à la vigilance. Il s'avère, en effet, que celles-ci varient selon le profil de l'assuré et de la convention qu'il a signée. Il va de soi que les seniors qui ont adhéré à des complémentaires individuelles sont les premiers à en profiter. De même que ceux qui ont contracté une mutuelle pas cher, des contrats basiques où les garanties se trouvent au deçà du panier de soins à RAC zéro.
Une amélioration de leur couverture conduira inévitablement à une révision à la hausse des primes, qui sera de 4 à 5% sur trois ans, selon les estimations de la fédération.
En revanche, l'impact est moins important pour les salariés bénéficiant d'une assurance santé collective. À la Mutualité française d'expliquer pourquoi :
« L'impact du RAC zéro devrait être plus faible. D'autant que les populations actives ont des besoins en audioprothèse bien moins importants (0,2%) que la moyenne (0,6 %) ou que les plus de 85 ans (4 %) ».