Pendant près d’un millénaire, la crémation a été interdite en France. Légale depuis 1887, cette technique funéraire est de plus en plus utilisée à partir des années 1970. Bientôt, elle correspondra à la moitié des obsèques. En effet, les Français sont majoritaires à vouloir une crémation pour eux-mêmes ainsi qu’une cérémonie laïque et personnalisée ou multi-religieuse.

Les Français plébiscitent de plus en plus la crémation. C'est ce que révèlent les sondages réalisés par Ipsos depuis 2008 pour le compte des Services funéraires de la Ville de Paris (SFVP).
De 2008 à 2015, 51 à 53 % des sondés souhaitaient être crématisés contre 47 à 49 % pour ceux qui voulaient être inhumés.
Le dernier sondage effectué cette année dévoile qu'actuellement, les Français préfèrent largement la crémation à l'inhumation.
En effet, 63 % des sondés ont choisi cette technique, soit une augmentation de 10 points depuis 2015, contre 37 % pour l'inhumation, soit une perte de 12 points en 3 ans. Ces résultats mettent en lumière une indéniable évolution du rapport des Français à la mort.
Évolution du taux de crémation dans la région francilienne
Depuis 2002, le taux de crémation a grimpé de 57 % en Île-de-France. Ailleurs dans le monde, cette technique funéraire est nettement dominante. À titre d'illustration, elle représente 95 % des obsèques à Copenhague et 90 % dans le Grand Londres.
Depuis 2014, la moitié des obsèques aux SFVP sont des crémations. Il convient de souligner que cette entreprise de pompes funèbres organise environ 3 700 convois chaque année, soit près de 22 % des obsèques à Paris. Pour l'intégralité des obsèques dans la capitale, tous prestataires confondus, le taux est estimé entre 40 à 45 %.
Dans 10 ans, celui-ci atteindra 55 % selon la directrice générale des SFVP. Par ailleurs, 20 % des crémations réalisées à Paris donnent lieu à la dispersion des cendres dans un jardin du souvenir.
Depuis la loi du 19 décembre 2008, les cendres d'un défunt ayant été crématisé doivent être dispersées dans un endroit prévu à cet effet, dans un cimetière, ou recueillies dans une urne cinéraire et déposées dans un columbarium ou une concession funéraire.
La religion détermine-t-elle le choix du rituel ?
Lors de la souscription d'une assurance obsèques, certains contrats exigent de la personne concernée qu'elle précise ses volontés. Le choix entre inhumation et crémation dépend non seulement de ses convictions personnelles mais aussi du respect des traditions familiales et des coutumes religieuses. Ces dernières sont d'ailleurs un marqueur fréquent dans le choix du rituel.
Le dernier sondage d'Ipsos montre que 61 % des croyants pratiquants choisissent l'inhumation contre 39 % la crémation. Les croyants non pratiquants pour leur part sont 41 % à être pour l'inhumation contre 59 % pour la crémation.
En outre, 73 % des non-croyants et des athées optent pour la crémation contre 27 % pour l'inhumation. Même si la pratique religieuse et les croyances sont un marqueur, elles ne sont cependant invoquées qu'en cinquième position par les sondés qui choisissent l'enterrement.
Pourquoi cet engouement pour la crémation ?
La préférence pour la crémation pour eux-mêmes est majoritaire pour les sondés, quelle que soit leur tranche d'âge :
- 56 % des moins de 35 ans ;
- 63 % des 35 à 59 ans ;
- et 70 % des 60 ans et plus.
Pour eux, l'aspect environnemental constitue un critère essentiel tandis que l'aspect économique ne vient qu'en quatrième position à l'inverse de ce qui est souvent véhiculé dans les médias. 38 % des sondés jugent en effet la crémation meilleure pour l'environnement.
Il faut également savoir que depuis une dizaine d'années, il existe des urnes cinéraires écologiques en bois ou en argile. 42 % des partisans de cette solution l'ont choisie pour ne pas laisser de traces après leur mort ou pour ne pas prendre de place. Enfin, 27 % d'entre eux ne souhaitent pas que leur corps se dégrade après leur mort.
Quel que soit le rituel préféré par les sondés, la tenue d'une cérémonie demeure pour eux un souhait important En effet, 71 % d'entre eux en veulent une.
Par ailleurs, on constate que la demande d'une cérémonie personnalisée augmente même si les familles ne disposent pas de référence, notamment en cas de crémation.
Au crématorium du Père-Lachaise où les cérémonies sont davantage laïques (plus de deux tiers), les familles ont la possibilité de choisir l'accompagnement qu'elles souhaitent parmi les 10 000 morceaux de musique proposés si elles n'en apportent pas.
Désormais, les proches du défunt peuvent également jouer un morceau de piano, la salle en étant dotée depuis peu. En outre, il y est possible de projeter un film ou un diaporama à la mémoire du disparu.