Le 5 novembre dernier, huit personnes ont trouvé la mort dans l’écroulement de deux immeubles à Marseille. Un mois après le drame, la ville ne s’en est pas encore remise. Après deux premières manifestations, les résidents en ont mené une troisième pour dénoncer les logements indignes. Ils ont renforcé leur mobilisation en la dotant d’une plateforme de revendications.

La mobilisation de résidents marseillais se renforce après l’écroulement d’immeubles

À la suite de l'écroulement d'immeubles survenu le 5 novembre dernier, jusqu'à 1?500 personnes ont été évacuées de leurs logis. Ce retrait s'est fait en dehors de tout cadre juridique tant la municipalité et les habitants avaient peur de voir survenir une nouvelle catastrophe.

Les familles ont eu à peine une heure pour ramasser leurs affaires. Elles ont été installées dans des hôtels. Certaines ont été séparées. Les informations leur font défaut.

Près de 10 000 personnes se sont réunies le 1er décembre dernier pour effectuer une nouvelle manifestation. Celle-ci a été menée par le Collectif du 5 novembre, créé après le drame, dans le but de revendiquer le droit à un logement digne pour tous.

Les résidents revendiquent la réquisition de logements inoccupés

Pour loger les familles évacuées, la municipalité de Marseille a fait appel à l'hébergement social d'urgence. Or, celui-ci est déjà extrêmement débordé étant donné que le quart de la population de la ville vit sous le seuil de pauvreté.


Le 29 novembre dernier, le ministre du Logement s'est rendu à Marseille pour faire le point sur la situation et apporter une aide de 240 millions d'euros. Les manifestants ont cependant demandé à ce que des logements vides soient réquisitionnés.

La manifestation conduite par le Collectif du 5 novembre a marqué un premier arrêt devant la préfecture. L'un des membres a déclaré :

« On veut faire ici entendre la situation à l'État?! »

Au cours de la manifestation, une jeune femme a lancé un témoignage saisissant :

« Je suis évacuée depuis deux semaines. Je suis à l'hôtel. Dans mon appartement, le plancher s'affaisse, les murs tombent. Mais l'agence qui me loue dit que je peux réintégrer tout en me recommandant d'être prudente et vigilante ».

Des loyers plus chers dans des immeubles dégradés

L'effondrement d'un immeuble n'est pas nécessairement assuré par les multirisques habitation. En effet, la plupart de ces contrats n'intègrent pas de garantie couvrant les dommages qui sont directement imputables à ce type de sinistre.

D'autres garanties couvrent toutefois les événements pouvant aboutir à un effondrement (catastrophe naturelle, explosion, incendie, etc.). Dans tous les cas, il convient de recourir à un comparateur assurance habitation pour prendre connaissance des risques couverts par les divers assureurs.

Le jour précédant la manifestation, la cité Corot a également été évacuée. Cette copropriété des quartiers nord de Marseille est actuellement dans un profond état de délabrement. Cela prouve que le fléau s'étend au-delà des anciennes constructions du centre-ville. Karima Berriche, membre du syndicat des quartiers populaires de Marseille, met en exergue un paradoxe?:

« Même si les bailleurs sociaux font des choix dans leurs investissements entre résidences, le logement social, c'est mieux que les copropriétés. Il y a désormais beaucoup plus de locataires et les propriétaires s'inscrivent dans une démarche spéculative?: pas de travaux et des loyers exorbitants ».

Il faut savoir que le loyer d'un T3 de 50 m2 dans l'un des immeubles les plus dégradés situés dans le nord de Marseille revient à 600 euros. Cela équivaut au prix d'un appartement salubre dans le centre-ville.