Depuis plusieurs mois, l’assurance-construction est en pleine crise. Et aux dernières nouvelles, les assureurs classiques seraient à la source de ce problème. Ce qui les incite à sortir de leur silence afin de laver leur honneur. D’ailleurs, les principaux établissements spécialisés dans ce domaine n’ont pas hésité à donner leur avis.

Pointés du doigt quant à leur part de responsabilité dans la crise qui touche actuellement l'assurance-construction, différents assureurs historiques tels que Axa France, Mutuelle des architectes français (Maf), Allianz France, SMA ont partagé leur point de vue pour remettre les pendules à l'heure.
En effet, ces opérateurs connus du grand public seraient à la source de cette situation désavantageuse pour les professionnels du bâtiment.
Ils afficheraient des tarifs hors de leur portée les forçant à se tourner vers d'autres options moins onéreuses proposées par les assureurs construction en libre prestation de services (LPS). Or, ces derniers courent davantage de crises de défaillance que les géants du secteur.
Une tarification justifiée
La politique tarifaire trop élevée est l'un des facteurs majeurs incitant les professionnels du bâtiment à pointer du doigt les assureurs classiques quant à leur part de responsabilité dans la crise de l'assurance-construction. Mais d'après ces derniers, cette tarification est justifiée. Au directeur général adjoint du groupe SMA d'y apporter plus de précision :
« Une décennale peut coûter entre 2?000 et 3?000 euros pour un artisan. Cela représente une somme significative, mais le prix correspond aux risques assurés et aux garanties importantes qui sont accordées. Le tarif est fixé en fonction du risque. Ce fonctionnement a des vertus, et prend en compte que les entreprises qui génèrent de la sinistralité payent plus cher ».
Du côté de la Mutuelle des architectes français (Maf), la situation est claire si l'on croit Jean-Michel Savin, son directeur du développement :
« On nous dit que nous, assureurs 'historiques', sommes trop chers ? Non, nous sommes au prix ! »
Quant à Allianz France, il a plutôt fait allusion à l'existence d'une option permettant aux entrepreneurs de trouver une couverture adéquate :
« L'assurance décennale en France est une des garanties obligatoires. De ce fait, il existe un BCT (Bureau central de tarification) qui permet de trouver une solution d'assurance obligatoire si aucun assureur n'accepte de remettre d'offre ».
Entrepreneurs et LPS y seraient pour quelque chose
Pour les assureurs historiques spécialisés dans l'assurance-construction, voire l'assurance multirisque professionnelle, les entrepreneurs et les acteurs en libre prestation de services jouent un rôle prépondérant dans cette crise. À Axa France d'y apporter plus de précision :
« Certains acteurs en LPS ont profité d'une situation tendue économiquement pour de nombreuses TPE en mettant en avant des prix attractifs. Des professionnels ont été dupés par des intervenants qui se sont proclamés experts de l'assurance-construction. Des compagnies ont été relayées par des intermédiaires eux-mêmes non qualifiés, d'autres se présentant comme courtiers alors qu'ils étaient en fait mandataires, en plus sans avoir d'agrément pour l'être. Les personnes touchées par cette crise ont été victimes d'acteurs ayant une approche mensongère ».
Pour la Maf, le choix des entrepreneurs y est également pour quelque chose si l'on croit Jean-Michel Savin :
« C'est plutôt du côté des entreprises que beaucoup se sont laissés séduire par les bas prix proposés par les LPS ».
Ce directeur du développement de la Mutuelle des architectes français tenait même à préciser que :
« Si l'on comparait le tableau des nouvelles inscriptions des architectes DPLG et les nouveaux adhérents de la Maf, on trouverait probablement 90% de correspondance - les 10% restant étant des acteurs choisissant eux-mêmes d'aller ailleurs. De fait, très peu d'architectes sont touchés par la crise liée à la libre prestation de services. Ils se comptent sur les doigts d'une main. Et bien souvent il s'agit de professionnels qui sont des multirécidivistes en termes de non-paiement ».