Le lien entre l’homme et le chien est fascinant. D’ailleurs, les recherches menées à ce sujet sont très nombreuses. Récemment, une équipe d’archéologues a publié les résultats de son travail sur les raisons ayant incité l’espèce humaine à domestiquer ce canidé. Les éléments apportés par les chercheurs sont plutôt convaincants.

L'histoire entre l'homme et le chien date de plus de 15 000 ans. Alors que la chronologie de cette longue amitié est bien connue, des doutes persistent quant aux raisons ayant poussé ces espèces l'une vers l'autre.
Un nouvel élément éclaircissant est aujourd'hui apporté par deux archéologues néerlandais ainsi qu'une archéologue britannique dans le Journal of Anthropological Archaeology.
L'analyse de restes d'animaux présentant des marques de morsures de chiens laisse penser que l'homme a dressé cet animal pour l'accompagner à la chasse il y a près de 11 500 ans. Ces canidés sont donc les premiers animaux à avoir été domestiqués par l'espèce humaine.
Les chiens servaient à chasser des lièvres
Les chercheurs ont découvert des ossements sur le site archéologique de Shubayqa, dans le nord-est de la Jordanie. Les signes présentés par ces restes prouvent qu'ils sont passés dans le tube digestif de chiens. Or, ce site était habité par des groupes d'humains. Le premier auteur de la publication, Lisa Yeomans, explique :
« Les chiens n'étaient pas tenus en marge de la colonie. Ils devaient être étroitement intégrés à tous les aspects de la vie quotidienne et autorisés à errer librement autour du groupe, se nourrissant d'os mis au rebut et déféquant sur le site ».
Les archéologues ont observé une augmentation significative des ossements de lièvres après l'arrivée des chiens. Ces derniers devaient permettre d'attraper plus facilement ces petites proies rapides. Auparavant, les hommes se servaient de pièges présentant deux failles majeures. Ils ne permettaient pas de choisir une cible.
De plus, la proie pouvait se faire dévorer par des prédateurs bien avant d'être récupérée. La directrice de recherches au CNRS, Rose-Marie Arbogast, estime :
« Les éléments apportés par les auteurs sont tous assez crédibles. La domestication s'est sans doute faite par étapes. Hommes et chiens ont dû y trouver un intérêt. Sans doute de premiers chiens sauvages se sont rapprochés des hommes pour se nourrir et petit à petit ont été totalement apprivoisés. Toute la subtilité est de savoir à quel degré de domestication on se trouve sur ce site ».
Plusieurs questions restent sans réponse
Les archéologues avancent que ce sont les populations de chasseurs-cueilleurs qui ont dressé le chien pour la première fois. L'amitié entre l'homme et ce canidé daterait donc d'avant la révolution néolithique et du début de l'élevage et de l'agriculture. Ce qui est sûr, c'est que le lien entre les deux est unique.
Si unique d'ailleurs que le bien-être de l'animal est devenu le premier souci des propriétaires qui n'hésitent aujourd'hui pas à souscrire une assurance chien pour le protéger de manière optimale. Rose-Marie Arbogast souligne :
« On retrouve des restes humains accompagnés de restes de chiens jusqu'il y a 28 000 ans. Mais ces résultats restent très contestés. Le consensus tourne autour de 15 000 ans ».
Elle fait par ailleurs remarquer que le dressage du chien pour accompagner l'homme à la chasse reste une hypothèse :
« Les auteurs précisent d'ailleurs dans leur publication qu'ils ne peuvent pas la démontrer totalement. Mais ils apportent des éléments vraiment convaincants pour aller dans ce sens ».
Des questions persistent en outre :
« Comment cette domestication s'est-elle précisément opérée ? Le chien est-il passé du statut de proie à celui de compagnon de chasse ? »
Pour la chercheuse française, il s'est produit une sélection naturelle entre l'homme et les premiers chiens et les deux espèces ont su mettre à profit ce rapprochement.