Alors que les grèves des syndicats du secteur des VTC pour l’obtention de l’instauration d’un tarif minimum se multiplient et qu’une décision de la justice française menace son modèle économique, Uber dévoile pour la première fois les revenus de ses chauffeurs via une étude. L’entreprise agit-elle ainsi dans un véritable souci de transparence ?

Uber révèle les revenus de ses conducteurs

Selon Uber, le salaire horaire d'un conducteur utilisant son application est de 9,15 euros net. Ce calcul est consigné dans le cadre de la campagne de transparence menée par la société américaine en marge de la réclamation des syndicats de chauffeurs d'un tarif minimum pour les courses.

Un conducteur pourrait donc gagner un revenu avant impôt de 1 617 euros par mois. C'est plus élevé comparé au revenu médian de 1 430 euros calculé par l'Insee pour les travailleurs indépendants du secteur du transport.

À noter que l'évolution récente de la loi sur la requalification des non-salariés fait craindre à Uber et aux autres plateformes un flou juridique.

Les plateformes de VTC appréhendent la revendication des conducteurs

Au niveau des syndicats, le débat sur les revenus des conducteurs reste vif car chacun d'entre eux a la possibilité de se connecter à une ou plusieurs plateformes de VTC, d'autant plus que les rémunérations varient considérablement de l'une à l'autre.


Par ailleurs, les fraudes se sont multipliées depuis l'entrée en vigueur de la loi Grandguillaume en décembre 2016, qui instaure pour chaque chauffeur l'obligation d'obtenir une carte VTC après avoir passé un examen.

Selon le syndicat FO, plusieurs milliers de conducteurs roulent illégalement au détriment des chauffeurs légaux.

En plus d'un plan gouvernemental de lutte contre la fraude, les fédérations du secteur (CFDT, FO) demandent à ce qu'un tarif minimum soit mis en place pour les courses en vue d'améliorer les revenus des conducteurs. Les plateformes de VTC redoutent cette idée. Le directeur général d'Uber France, Steve Salom, plaide :

Nous souhaitons aider nos chauffeurs. Cela passe, par exemple, par une aide à l'optimisation de leurs revenus. Nous sommes aussi prêts à améliorer leur protection sociale. Nous finançons déjà une assurance et voulons aller plus loin, en adoptant une charte sociale, qui est prévue par la loi sur les mobilités en discussion. Cependant, nous avons besoin d'un cadre juridique stabilisé et protecteur.

Les revenus communiqués par Uber restent théoriques

D'après le calcul d'Uber, un conducteur encaisse un revenu net de 9,15 euros de l'heure, cela pour 45 heures de connexion hebdomadaire à sa plateforme. En France, un salarié gagne un salaire net de 7,72 euros minimum par heure pour 35 heures. Pour la société américaine, c'est un revenu médian. En effet, sur les 28 000 chauffeurs travaillant avec elle, 50 % gagnent moins et 50 % plus.

Pour aboutir à ce résultat, l'étude a évalué le CA horaire moyen d'un chauffeur à 24,81 euros brut après le versement de la commission à la plateforme. Une fois que tous les frais (véhicule, carburant, assurance, etc.), la TVA et les cotisations sociales ont été retranchés, on parvient aux 9,15 euros de revenu net.


Ces calculs demeurent cependant théoriques étant donné que les chauffeurs en France ne se connectent à la plateforme que 27 heures par semaine en moyenne. Steve Salom confirme :

C'est effectivement un calcul théorique, car les conducteurs travaillent pour plusieurs applications différentes, mais cela donne de la visibilité aux chauffeurs et aux pouvoirs publics.

En 2017, le médiateur que le gouvernement avait chargé de résoudre la crise entre les chauffeurs et les plateformes à l'époque avait estimé à 1 700 euros le revenu médian d'un chauffeur indépendant, cela pour 60 heures cependant. La couverture santé, la retraite et les congés payés n'étaient par ailleurs pas pris en compte dans ce calcul.

Le gouvernement travaille à la régulation du secteur des VTC

Bon nombre de chauffeurs de VTC se lancent dans cette activité après une période de non-assurance. Du point de vue de l'assureur, une telle période fait revenir le candidat au statut de jeune conducteur même s'il est titulaire du permis de conduire depuis déjà de nombreuses années. Cependant, au lieu de souscrire une assurance auto jeune conducteur, le candidat devra s'orienter vers une assurance chauffeur VTC sans antécédent lors de la recherche d'une couverture.

Les applications de VTC appréhendent l'actuel flou juridique entraîné par l'évolution de la loi sur la requalification en salariés des travailleurs indépendants des plateformes. Steve Salom note :

La quasi-totalité des chauffeurs souhaitent aujourd'hui travailler sans patron et en tant qu'indépendant.

On s'attend à ce que le gouvernement se mobilise devant cette situation. Le ministère du Travail réfléchit d'ailleurs à un nouveau régime juridique visant à préciser les liens entre les travailleurs et les plateformes. Le ministère des Transports, pour sa part, doit faire part des pistes qu'il envisage pour réguler le secteur des VTC.

Les propositions sur l'équilibre du secteur et les réponses à toutes les questions concernant sa régulation devraient être prochainement remises par une mission des inspections des 2 ministères.