En novembre 2018, le gouvernement a annoncé une baisse drastique du coût du permis de conduire. Après avoir été étudié, le projet a fait l’objet d’un rapport parlementaire remis le 2 février dernier. Si les pistes de réflexion n’ont pas encore toutes été dévoilées, les auto-écoles ont déjà fait part de leur désaccord.

Le rapport parlementaire suggère de réformer le système traditionnel en faveur des nouveaux entrants sur le marché de la formation à la conduite comme les plateformes d'apprentissage en ligne et les jeunes pousses proposant des permis à prix bradés.
Les auto-écoles ont mal accueilli cette évolution. Selon elles, la déréglementation de leur profession impactera la qualité de l'éducation routière.
Ainsi, les établissements d'enseignement de la conduite ont décidé de manifester sur le boulevard périphérique de Paris le 11 février dernier pour contester la réforme du permis. Pour sa part, l'UFC-Que Choisir d'Aix-en-Provence salue les mesures prévues. Selon son président, certains abus seront limités grâce à la numérisation.
Des mesures au détriment de la qualité de l'éducation routière
Une étude de l'UFC-Que Choisir datant de septembre 2016 indique que le permis de conduire coûte en moyenne 1 800 euros en France. Cependant, les tarifs varient considérablement en fonction des régions, pouvant atteindre 2 000 euros dans la capitale.
Le gouvernement projette de déréglementer l'enseignement de la conduite en vue de faire baisser ces prix. Si la réforme avantage les plateformes en ligne, les auto-écoles, elles, craignent les effets d'un examen au rabais.
D'après ces dernières, faire de l'éducation routière un bien de consommation classique nuira à la qualité de la formation. Elles précisent que l'examen risque de devenir un « permis de tuer ».
De leur côté, le CNPA (Conseil national des professions de l'automobile) et l'UNIDEC (Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite) notent que s'il est vrai que la profession doit être réformée, cela ne doit pas se baser sur la suppression des enseignements prodigués auparavant et des progrès survenus dans l'éducation routière depuis 50 ans car ils ont permis de sauver de nombreuses vies.
Des effets inverses à ceux escomptés
Les auto-écoles en ligne remportent un véritable succès aujourd'hui. Les leçons sont données par un moniteur généralement indépendant et aux horaires flexibles.
À noter qu'obtenir son permis après une formation en ligne n'impacte pas le prix de l'assurance auto jeune conducteur étant donné que cela ne fait pas partie des critères sur lesquels sont basés le calcul de la prime. Mais ce sont les tarifs largement plus abordables proposés par les plateformes qui attirent le plus (729 euros en moyenne).
Les auto-écoles traditionnelles restent sceptiques quant aux organismes proposant des formations à prix cassés. Le CNPA indique notamment :
Ces start-up affirment casser les prix. Mais des élèves mal formés vont rater leur permis et, devant le repasser, paieront finalement bien plus cher qu'avec une auto-école classique.
La mise en place de plateformes offrant aux candidats la possibilité de s'inscrire eux-mêmes à l'examen du permis de conduire constitue un autre point de mésentente. L'inscription d'un jeune conducteur était décidée par les auto-écoles auparavant. Le CNPA avertit contre la nouvelle mesure :
C'est prendre le risque de voir des personnes mal formées s'inscrire et prendre des places d'examen dont le nombre est déjà compté.