Le vieillissement de la population est un sujet sensible en France. Le fait est que sa rapidité est tellement tangible et que le nombre de personnes âgées dépendantes grandit à vue d’œil, engendrant des dépenses dont la prise en charge est devenue un problème de santé publique. Pas étonnant que l’État ait à cœur son optimisation.

Le nombre des seniors augmentera sensiblement dans une quinzaine d'années quand les baby-boomers seront arrivés à des âges avancés. Ce qui accentuera aussi les dépenses liées à la dépendance et le coût de leur prise en charge. À titre d'indication, rien qu'aujourd'hui, bon nombre de Français, ayant perdu leur autonomie, sont intégrés dans des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.
Cette situation est devenue un sujet préoccupant pour les pouvoirs publics, les amenant à faire de l'amélioration de cette branche de couverture un impératif social. La Mutualité française a, en ce sens, prévu d'instaurer deux réformes, notamment la régulation de la couverture des séjours en maison de retraite et la mise en place d'une couverture spécifique obligatoire.
La France en queue de peloton
Il n'est plus à redire, l'accélération du vieillissement de la population française préoccupe grandement le gouvernement qui a organisé depuis l'automne dernier, par le biais du ministère de la Santé, une concertation citoyenne.
Celle-ci étant destinée à apporter des réponses à la question « Comment mieux prendre soin de nos aînés ? » et n'est arrivée à son terme que très récemment. À l'issue de ce mouvement devrait voir le jour le projet de loi « Grand âge et autonomie », dont l'entrée en vigueur est attendue d'ici fin décembre 2019.
Le fait est que la France semble quelque peu à la traîne dans sa politique d'investissement par rapport aux pays avoisinants. C'est pour cela que la Fédération nationale de la Mutualité française fait son possible pour rétablir la situation. Interviewé par le quotidien Le Parisien, le dirigeant de l'organisme, Thierry Beaudet, déplore que :
« 41 % des Français en perte d'autonomie sont en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). C'est trop ! En Europe, c'est 32 % en moyenne et même 12 % au Canada ».
Deux réformes en vue pour pallier le problème
Pour cet organisme, regroupant 450 mutuelles, optimiser la prise en charge des dépenses liées à la dépendance est une priorité. Il faut savoir que l'insuffisance du financement impacte notablement sur la trésorerie de la famille du senior, mais aussi sur la sienne. Et pour cause, les tarifs imposés dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, appelés communément Ehpad, sont exorbitants si bien qu'en dépit du remboursement de l'assurance, le reste à charge demeure très élevé.
Thierry Beaudet l'estime même à 10 fois plus. Un pensionnaire doit débourser 2 000 euros en France alors qu'en Suède, il ne lui est réclamé que 180 euros. Une raison qui pousse la Mutualité à vouloir axer les prises en charge sur les revenus des personnes admises en maison de retraite tout en instaurant des plafonnements sur le coût des divers services.
Par ailleurs, la mise en place d'une mutuelle obligatoire dédiée à la dépendance a aussi été proposée. Celle-ci, payée dès le 40ème anniversaire de chaque individu pour la modique somme de 10 à 15 euros par mois, pourrait contribuer au financement des plus dépendants à hauteur de 500 euros mensuels. À savoir que quelque 1,6 million de Français pourraient perdre leur autonomie d'ici une décennie.