Dans le cadre de leur étude sur les risques du métier de la santé, des experts de Santé publique France se sont penchés sur le cas des femmes exerçant dans le paramédical qui s’exposent fréquemment à des produits nocifs au cours de leur travail, menaçant essentiellement leurs futures procréations. Et si des préventions peuvent être tenues compte, leur application s’avère toutefois quelque peu complexe.

Éthanol, isopropanol, cétones, chlorure de méthylène et chloroforme sont tous des solvants auxquels les femmes en âge de procréer opérant dans le domaine de la santé sont exposées quotidiennement. Ce qui rend leur profession à risque, du moins c'est ce qu'a révélé une récente analyse publiée par Santé publique France.
En effet, ces composants de produits indispensables, voire obligatoirement utilisés par ces professionnelles en vue de certaines règles d'hygiène en milieu hospitalier se révèlent être cancérogènes, mais en plus pourrait impacter dangereusement sur la santé reproductive.
Des normes de protection doivent être alors mises en place quoique cela semble plus facile à imaginer qu'à réaliser.
Des composants très nocifs
Infirmières, aides-soignantes et sages-femmes sont fortement exposées à des composants pouvant être nocifs pour leur santé. 15% d'entre elles doivent, par exemple, utiliser des solvants oxygénés dans leur quotidien, entre autres des solutions hydroalcooliques comme l'éthanol ou d'autres formes d'alcool (isopropanol, éther éthylique, cétones, etc.). Dans les détails, plus de quatre professionnelles sur dix (41%) sont des employées de la fonction publique et des travailleuses civiles.
Le taux d'exposition à des solvants chlorés (chloroforme, chlorure de méthylène, perchloroéthylène ou trichloréthylène), quant à lui, est de 0,1% dont 21% sont représentés par des auxiliaires de la santé et du travail social. À noter que ces produits sont cancérogènes et présentent des effets néfastes pour le développement fœtal et même sur les futurs embryons.
C'est en tout cas ce qu'ont conclu des experts de Santé publique France à l'issue de leur étude menée sur 7 427 228 paramédicales en âge de procréer. Ainsi, dans leur BEH (Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire) publié le 26 février dernier, ils ont noté que :
Parmi ces solvants, certains sont classés cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et/ou comme CMR (cancérogène, mutagène, reprotoxique) d'après la classification européenne.
Un fait qu'une enquête éditée il y a plus de trois ans par la DARES (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques), le SUMER 2010, a déjà exposé. D'autant plus qu'une simple inhalation peut avoir des effets négatifs sur la santé reproductive, si l'on ne cite que la baisse de la fertilité féminine. Dans ce rapport :
En milieu hospitalier, les solutions hydroalcooliques utilisées en désinfection pour le personnel ou le nettoyage de surfaces renferment fréquemment de l'éthanol en quantités variables.
Des solutions préventives à considérer
Face à ces révélations pour les moins alarmantes, des solutions préventives doivent être instaurées étant donné que le recours à ses composants est inévitable dans les activités liées à la santé. Au professeur Robert Barouki, spécialiste en biochimie et toxicologie d'expliquer :
En raison de la lutte contre les infections nosocomiales, les normes hospitalières imposent des précautions d'hygiène comme le lavage des mains, le recours aux solutions hydroalcooliques, qui contiennent d'ailleurs potentiellement des solvants dangereux.
Assurance santé mise à part, certaines normes comme le port de gants ou de masque par exemple peuvent être imaginées. Sauf que sa mise en pratique n'est pas chose aisée. Et c'est ce que déplore Robert Barouki en ces termes :
La protection contre le risque individuel aux expositions chimiques est plus complexe à imaginer et à instaurer. Il s'agit d'un véritable problème, notamment pour le personnel en âge de procréer, qui mérite une grande attention.
Le biochimiste ajoute d'ailleurs que :
Quand il s'agit de porter des gants pour se protéger des expositions cutanées, cela ne pose pas de problème, mais quand ce sont des choses que l'on respire qui nous exposent à des produits chimiques, c'est plus difficile de venir travailler à l'hôpital avec un masque à gaz !