Bien que les Français se disent attirés par la voiture électrique, très peu ont franchi le pas. Les principaux freins sont le prix élevé et l’autonomie insuffisante alors que le réseau de stations de charge demeure restreint. Enfin, si les performances écologiques de ces véhicules sont reconnues, le coût divise.

Plusieurs freins à l’adoption de la voiture électrique en France

Place minoritaire de la voiture électrique dans le paysage français

La voiture électrique a occupé une place de choix lors du dernier Mondial de l'Auto, preuve des efforts déployés par les acteurs de l'industrie automobile pour sa promotion auprès du public.

Aussi bien les grands constructeurs que les équipementiers se sont engagés auprès de l'État à mettre un million de véhicules zéro émission sur les routes françaises d'ici 2020. Mais la réalité est encore très loin de cet objectif.

Les chiffres du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) pour les trois premiers trimestres de 2018 montrent qu'avec 20.223 unités vendues, les modèles électriques n'ont représenté que 1,22 % de l'ensemble des immatriculations.

Au total, l'ADEME recense environ 150.000 véhicules électriques à batterie, et cinq fois moins de véhicules avec recharge électrique en circulation. La Renault Zoé constitue d'ailleurs la moitié du parc.


Pour l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere),

le taux de progression, estimé à 12 % entre 2017 et 2018, est appréciable, mais il devrait grimper à 30 % pour que la filière s'aligne sur la trajectoire prévue.

Et l'Hexagone n'est pas une exception en Europe, malgré une récente accélération. Les experts se disent incapables de prédire le niveau des ventes d'ici 5 ou 10 ans. À très court terme, ils misent sur une part de marché maximale de 3 % à travers le Vieux continent.

Le prix et l'autonomie, principaux freins à l'adoption du véhicule électrique

Les Français semblent pourtant y croire, vantant la propreté, l'image positive et le confort de conduite du véhicule électrique. Mais pour plus de 90 % d'entre eux, le surcoût de 10.000 euros par rapport à un modèle classique aux performances équivalentes est trop important.

Sans compter qu'il faut encore acheter la batterie, qui représente l'élément le plus onéreux de l'auto, mais aussi souscrire l'indispensable assurance voiture. Les 6.000 euros de subvention de l'État et les mesures prises par certaines collectivités (gratuité de la carte grise et du stationnement résidentiel…) ne suffisent pas.

L'autonomie, limitée à 200 à 250 kilomètres en conditions de circulation réelles, constitue un autre obstacle majeur. Les particuliers la voient ainsi comme un moyen de déplacement réservé au milieu urbain pour ceux qui ont les moyens de posséder deux véhicules.

En outre, les 26.390 bornes de recharge déployées à travers le territoire ne satisfont pas les Français, de nombreuses zones étant encore très peu équipées. Le gouvernement et les acteurs de filière ont encore fort à faire pour atteindre les 100.000 infrastructures escomptées d'ici à 2022.

De plus, la simplification et l'harmonisation sont indispensables pour éviter aux acheteurs de devoir se doter de différentes prises ou cartes.


Les pouvoirs publics multiplient les mesures, proposant notamment des aides financières aux commerces, entreprises, gérants de logements collectifs qui installent des bornes privées. Pour les ménages, la pose d'une borne dans leur garage donne droit à un crédit d'impôt.

L'impact positif sur l'environnement remis en question

Au-delà de l'aspect logistique, les détracteurs de la voiture électrique doutent de sa véritable efficacité contre la pollution et le réchauffement climatique. La fabrication de batteries, notamment, requiert de grandes quantités de métaux rares, dont l'extraction et le transport sont vivement critiqués. De plus, ces équipements se rechargent à l'électricité par des sources parfois non écologiques.

Un rapport élaboré conjointement par l'ADEME et l'IFPEN démontre une réduction effective des émissions de gaz polluants, mais des efforts restent à faire en ce qui concerne sa source d'énergie. Les dispositifs de recharge « intelligente », qui permettent une gestion optimisée des flux et se prémunir des pics de consommation, sont plébiscités.