Les décès et le processus de deuil y afférent sont inévitables. Selon que le défunt était un proche ou non, la période d'adaptation à sa mort peut être plus ou moins longue. Cependant, il est difficile de s'enfermer dans son chagrin, d'autant que la société et les besoins du quotidien réclament l'attention de chacun.

Est-ce que l’on prend suffisamment de temps pour faire le deuil ?

Un décès est toujours éprouvant et chacun y fait face à sa façon. Alors que plusieurs Français pensent qu'on ne se remet jamais vraiment de la perte de quelqu'un, d'autres déclarent que la sensation de mal-être s'estompera un jour.

Une récente étude menée par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) et l'association Empreintes explique la notion de « deuil ».

Cette analyse indique que les représentations relatives à ce processus sont faussées. Elle apporte un autre point de vue sur l'état émotionnel des personnes touchées, mais également sur le fait que la société exerce une certaine pression pour les amener à avancer.


Peu de temps est accordé au deuil

L'étude du Credoc indique que le deuil n'est pas qu'une simple étape. Il est nécessaire que les proches puissent s'exprimer sur le défunt, qu'ils puissent l'aborder sans peur ni honte afin de pouvoir aller de l'avant. Pauline Ronez, fondatrice d'Une rose blanche, explique que la société n'aide pas les proches.

Selon le statut du défunt, un travailleur ne reçoit que 3 à 5 jours de congés, un laps de temps bien trop court pour se remettre complètement.

Des témoignages recueillis dans le cadre de l'étude confirment ce fait. Une personne interrogée a déclaré que face à la pression de la société qui continue de tourner malgré les événements, elle n'a pas eu le temps de bien cicatriser de son deuil. Cette dernière a dû prendre du temps pour elle afin d'oublier et d'accepter les événements tels qu'ils sont sans en ressentir un chagrin destructeur.

Ces faits vont à l'encontre des observations de Michel Wieviorka, sociologue et directeur d'études à l'EHESS. Il déclare que dans une société tournée vers l'immédiat et où un événement remplace un autre, les gens perçoivent le deuil que comme une étape, un challenge ou une chose dont il faut se défaire.


Une nouvelle perception du deuil est nécessaire

Lors d'un décès, les proches sont encore sous le coup de l'émotion et ont du mal à se concentrer. Et le fait que le défunt ait contracté une assurance décès pour garantir leur avenir n'y change rien. S'ils ne peuvent pas faire correctement leur deuil, ils risquent de rencontrer quelques problèmes au quotidien ou dans leur vie future.

D'après Michel Wieviorka, le deuil est un processus qui ne finit jamais, mais qui évolue au fil du temps. La tristesse des premiers temps fait place progressivement à la nostalgie des moments passés jusqu'à ce que les proches se souviennent du défunt de manière apaisée.

Pauline Ronez, quant à elle, indique que les familles et les proches ne parlent pas du deuil de peur d'être jugés. Ils pensent que c'est inapproprié, ce qui est une représentation tronquée selon la responsable. Ils devraient avoir la possibilité de partager leurs sentiments afin d'alléger leur peine.

Elle explique également qu'il n'est pas négatif de garder des liens avec les disparus. Ces attaches ne deviennent réellement néfastes que lorsqu'elles empêchent de mener une vie normale en amenant les proches à se couper des autres.