Actuellement, on retrouve de nombreuses applications touchant le domaine de la santé, notamment la grossesse. Ces outils recourant à des paramètres précis permettent de suivre le développement du bébé et l’état de la mère. Si elles sont pratiques, ces applications pourraient devenir des moyens pour les entreprises américaines de surveiller étroitement leurs employées.

L’accès des employeurs américains aux applications de grossesse est problématique

Aux États-Unis, Ovia est l'une des applications préférées des femmes. Cet outil leur permet de suivre ponctuellement leur grossesse et d'agir en conséquence en cas de signes alarmants. Toutefois, une enquête récente du Washington Post indique que les sociétés pourraient avoir accès aux données médicales de leurs salariées via ces applications.

Le média indique que cette possibilité pourrait s'apparenter à une intrusion des sociétés dans la vie de leurs employées. Les entreprises perçoivent les faits autrement. Certaines structures déclarent que connaître les données relatives aux grossesses leur permettra de savoir si leurs salariées se portent bien et si elles sont aptes à poursuivre leur travail.

Le suivi des grossesses par les entreprises est discutable

Actuellement, plus de 10 millions de femmes utilisent Ovia Health ou une autre application assurant un suivi de la grossesse. Toutefois, les usagers d'Ovia ignorent peut-être que la société à l'origine de l'outil peut donner aux entreprises un accès à leurs données médicales. Régimes alimentaires, humeurs, heures de sommeil… les sociétés connaîtront les détails intimes de leurs employées.


Dans son enquête, le Washington Post met en garde les femmes contre cette éventualité. Normalement, le but d'Ovia est d'aider ses utilisatrices à reprendre rapidement leur activité professionnelle. Pourtant, certains spécialistes émettent des doutes quant à la possibilité que les entreprises aient accès aux données personnelles de leurs employées. D'après Deborah C. Peel, psychiatre et créatrice de Patient Privacy Rights :

« Le fait que la grossesse des femmes soit suivie de près par les employeurs est très perturbant. Il y a tellement de discrimination contre les mères et les familles au travail, on ne peut pas leur faire confiance pour veiller à leur meilleur intérêt ».

Pourtant, la société à l'origine d'Ovia indique qu'elle se conforme à la Health Insurance Portability and Accountability Act (Hipaa), une législation américaine assurant la sécurité des données relatives à la santé. Elle précise également que les informations visibles par les entreprises sont anonymes et qu'il est impératif d'atteindre un nombre prédéfini de salariées inscrites sur la plateforme avant que les renseignements ne leur soient communiqués.

Cette mesure viserait à aider les femmes

Depuis le lancement d'Ovia Health (précédemment nommé Ovuline) en 2012, la société a révélé des statistiques indiquant chez les utilisatrices 30 % de fausses couches en moins, plus de conceptions naturelles et une meilleure détection de la dépression post-partum.

Toutefois, ces chiffres sont difficiles à vérifier. Néanmoins, il est certain qu'Ovia sera utilisée par les entreprises dans le cadre de l'assurance santé de leurs collaboratrices.

Pour avoir accès aux données des futures mères, leurs employeurs leur verseront un dollar au quotidien. Grâce aux informations recueillies, les structures déclarent vouloir contrôler les risques de grossesse à complication de leurs salariées. Cette décision semble avantageuse, car aux États-Unis, les coûts liés une naissance sont élevés.


Ovia prend d'ailleurs comme exemple le cas de la naissance prématurée de jumeaux. Ces derniers ont subi des soins inappropriés et leur mère a reçu une ITT de 3 mois. Cette situation a entraîné une facture d'un million de dollars.

D'autre part, le gouvernement américain est faiblement investi dans la couverture santé. De ce fait, ce sont les entreprises qui doivent s'acquitter de plus de 80 % des primes de santé auprès des assureurs. Cela explique donc leur intérêt pour les applications de grossesse.

Milt Ezzard, chargé des ressources humaines d'Activision Blizzard, soutient qu'un bébé en bonne santé est important pour le chiffre d'affaires. En effet, un nourrisson malade est problématique dans la mesure où sa mère ne peut pas reprendre son poste.