Une étude présentée lors de l’ECCMID (Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses) le mois dernier a soulevé des questions sur l’existence d’un gène chez les animaux de compagnie qui rend certaines infections plus difficiles à guérir chez l’homme. Les bactéries pourraient même résister à un traitement antibiotique de dernier recours : le linézolide.

Un gène animalier exposerait l’être humain à certaines bactéries résistantes

Des scientifiques britanniques ont exposé lors d'un congrès se déroulant aux Pays-Bas le fait que certaines bactéries déjà tenaces, exposées à l'être humain, peuvent le devenir davantage à cause d'un gène découvert dans un centre de soins pour animaux de compagnie.

Cette découverte est d'autant plus préoccupante que la résistance peut se propager sur d'autres types de bactéries, rendant les traitements d'infections graves inefficaces. L'on appréhende également une propagation fulgurante de cet organisme sur la race animale, par le biais d'une plaie ouverte.

Le seul point rassurant, c'est que jusqu'ici, aucune preuve de la possibilité de transmission entre animal et humain n'a été fournie. En tout cas, l'optimisation de l'hygiène est de mise pour mieux se protéger.

Des agents pathogènes fortement résistants

Un gène présent dans l'organisme de certains animaux de compagnie, nommé optrA, pourrait modifier certaines bactéries pour en faire des résistants aux traitements antibiotiques.

C'est ce qu'ont soulevé des chercheurs à l'unité de référence de Public Health England, se spécialisant aux infections relatives aux soins de santé de Public ainsi qu'à la résistance aux antimicrobiens.


À savoir, l'antibiotique concerné est le linézolide que les médecins prescrivent en dernier recours en cas d'affections graves chez l'humain, comme celles causées par les streptocoques par exemple ainsi que par d'autres micro-organismes à même de s'adapter à leur environnement tels que les Staphylococcus aureus résistants à la méthicilline (SARM) et les entérocoques résistants à la vancomycine (ERV).

À Katie Hopkins, l'un des auteurs de l'étude, d'expliquer :

« Nous pensons qu'il s'agit du premier signalement d'entérocoques optrA-positifs isolés chez des animaux de compagnie au Royaume-Uni [...] Cela peut entraîner des infections difficiles à traiter ».

D'énormes risques de transmission

Si la propagation à d'autres bactéries est un risque à tenir compte, comme l'a annoncé le docteur Katie Hopkins, et prouvée par l'identification des gènes similaires à l'optrA sur des fragments d'ADN, il faut aussi savoir que la résistance se transmet aussi d'un animal à l'autre.

De fait, l'analyse de quatre échantillons de plaie provenant de deux races (canine et féline) positives à l'optrA a permis d'aboutir à cette conclusion. D'après la scientifique :

« Les bactéries et les animaux peuvent partager une bactérie résistante aux antibiotiques, bien que la direction du transfert est souvent difficile à prouver ».

Par ailleurs, ces chercheurs ont également constaté une résistance au florfénicol, un médicament destiné à soigner ces petites bêtes. Ce qui pourrait amener au renforcement de l'hygiène quand on cohabite avec celles-ci, outre le fait de souscrire une assurance animaux de compagnie. Mais les propriétaires ne sont pas les seuls concernés. Au Dr Hopkins de préciser :

« Afin de minimiser la transmission de bactéries résistantes entre les animaux de compagnie et les humains, les cabinets vétérinaires doivent assurer un nettoyage adéquat et les propriétaires d'animaux de compagnie doivent se laver les mains après avoir manipulé des animaux ».

Actuellement, le doute plane encore sur la transmission de l'agent pathogène sur les humains si bien que l'adoption d'un dispositif de veille est à prévoir. Les recommandations de la chercheuse étant :

« Nous ne connaissons pas actuellement la prévalence des entérocoques résistants au linézolide chez les animaux de compagnie et il est donc nécessaire d'adopter une approche commune pour surveiller l'émergence et la dissémination des mécanismes de résistance importants pour la santé publique ».