Ces dernières années ont été marquées par une vague montante d’arrêts maladie. Ce phénomène que le gouvernement regarde d’un mauvais œil serait pourtant l’effet de la population salariée vieillissante en raison du report de l’âge de départ à la retraite. Sans oublier l’intensification du travail. Quoiqu’il faille admettre, certaines pauses soient inappropriées, voire des abus.

Matignon cherche des solutions pour endiguer l’inflation des dépenses liées aux arrêts maladie

Une réforme de la santé au travail est en cours avec les arrêts maladie dans le collimateur. Le fait est qu'il en coûte des milliards à l'Assurance maladie et que cette charge n'a de cesse de s'accroître depuis quelque temps, si l'on ne considère que la hausse de 25% en l'espace de dix ans.

La réception du rapport des dépenses en février dernier a poussé Matignon à prendre les mesures adéquates pour comprimer l'inflation, entre autres la diminution des prises en charges afférentes à la suspension temporaire de travail. Mais une autre mesure proposée par les trois rapporteurs, d'instaurer un jour de carence pour tous, va au-delà de cet objectif. Celle-ci permettrait de recouvrer l'équité au sein des travailleurs de différents statuts.

Une mission de longue haleine pour des solutions efficaces

L'extension du nombre d'années d'activité a fait exploser le coût des arrêts maladie en France. En effet, en coûtant 7,4 milliards d'euros à l'assurance maladie il y a deux ans, ceci a été majoré de 25% en comparaison avec les dépenses de 2009. Concrètement, cette expansion s'explique par la hausse des longues pauses, dépassant les 30 jours, qui représentaient en moyenne 4% des arrêts par an ces derniers temps.


Devant ces chiffres quelque peu alarmants, le premier ministre Édouard Philippe a confié une mission à trois experts, dont Jean-Luc Bérard (Directeur des Ressources humaines de Safran), le professeur Stéphane Oustric (médecin généraliste) et Stéphane Seillier (conseiller à la Cour des comptes), en septembre dernier.

L'objectif étant de contenir l'inflation grâce à des mesures d'endiguement de l'absentéisme, les accidents de travail et les maladies professionnelles.

Cinq mois après, le 20 février plus exactement, Matignon a reçu un rapport des trois missionnaires. Parmi les solutions avancées, la mise en place d'un jour de carence pour tous, salariés du privé et fonctionnaires, a été avancée.

L'équité entre les travailleurs, au cœur des préoccupations

Certes, l'instauration d'une journée sans indemnité ni salaire n'améliorera que peu, voire pas du tout, les charges supportées par la caisse d'assurance maladie, mais les trois missionnaires ont mis en avant le traitement sur un pied d'égalité de tous les salariés. D'après Stéphane Seiller :

Cette mesure serait neutre sous l'angle de la dépense, mais remettrait de l'équité entre les travailleurs.

Il est en effet à noter que près de 70% des employés du secteur privé profitent actuellement d'une prise en charge par leur employeur de leurs trois jours de carence. Le Vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Éric Chevée, quant à lui, a fait remarquer que ceux qui travaillent au sein des sociétés de petite envergure sont peu bénéficiaires d'une assurance complémentaire.

Dans leur rapport, les missionnaires ont suggéré des « contreparties » qui permettraient à certains statuts précaires qui n'ont pas jusqu'ici bénéficié d'un complément employeur en cas de maladie, tels que les nouvelles recrues, les CDD et les salariés de particuliers employeurs, d'y accéder. À savoir, quelque neuf millions d'individus pourraient profiter de cette avancée.