Jusqu’à présent, les conseillers financiers devaient tenir compte du degré de résistance de leurs clients face aux risques sur leurs placements, c’est-à-dire plus précisément de connaître leur capacité à subir des pertes en capital. Ce test d’adéquation aux risques, sous forme de questionnaire, permet de sélectionner les fonds d’investissement.

Par exemple, un épargnant qui ne veut prendre aucun risque sur son épargne se verra proposer un fonds en euros dans un contrat d'assurance vie. Inversement, un client qui accepte de prendre une part de risques sur ses placements se verra proposer, pour partie, des fonds actions ou profilés dynamiques.
En complément du test d'adéquation aux risques, les particuliers doivent à présent répondre à un nouveau type de questionnaire que l'on nomme le test d'adéquation ESG (Environnement, Social et Gouvernance). Concrètement cela signifie que les conseillers financiers devront tenir compte des souhaits de leurs clients en matière d'investissement durable, que l'on appelle les « préférences de durabilité », dans le cadre de leur mission de conseil.
Qu'est-ce que la finance durable ?
La finance durable va schématiquement regrouper tous les placements financiers qui portent une attention particulière aux conséquences environnementales, sociales, au respect des droits de l'homme et à la lutte contre la corruption. Ces critères sont dits « extra-financiers » par rapport aux critères comptables classiques « financiers ».
Comme le rappelle l'Autorité des marchés financiers (AMF), « ces placements vont sélectionner les entreprises les plus à même de répondre aux enjeux du développement durable et aux interrogations des clients dans ce domaine ». Par exemple : savoir si l'épargne finance la transition énergétique.
Que contient le questionnaire de durabilité ?
Au niveau réglementaire, le conseiller bancaire ou financier doit aujourd'hui tester la préférence de son client à la transition écologique en l'interrogeant sur la part de ses placements qu'il souhaite consacrer à des activités considérées comme durables sur le plan environnemental par la classification européenne. Ce que l'on appelle, dans le langage des initiés, la « Taxonomie ».
Selon la réglementation européenne, une activité durable doit correspondre à au moins l'un des six objectifs suivants : atténuation du changement climatique ; adaptation au changement climatique ; utilisation durable et protection des ressources aquatiques et marines ; transition vers une économie circulaire ; contrôle de la pollution et protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes.
En résumé, le but principal de la taxonomie est de contribuer, au travers de l'épargne, à lutter contre le réchauffement climatique.
Le professionnel est tenu également de mesurer la proportion de l'investissement que l'épargnant souhaite investir dans des « investissements durables » au sens du Règlement européen sur la publication d'informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR en anglais). Le « SFDR » impose la délivrance de documents d'informations précontractuelles sur la façon dont on intègre la durabilité. Il identifie trois catégories de produits appelées « article 8 », « article 9 » et « article 6 ».
L' « article 8 » désigne les produits qui promeuvent des caractéristiques environnementales et/ou sociales mais sans poursuivre un objectif d'investissement durable. L' « article 9 » désigne les produits ayant un objectif d'investissement durable, c'est-à-dire qui investissent dans une activité économique contribuant à un objectif environnemental et/ou social bien explicité. Son promoteur est tenu à des exigences strictes en matière de communication extra-financière. Quant aux produits qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories, ils sont présentés comme étant indifférents à la durabilité. Ce sont les « article 6 ». Les produits article 9 sont a priori les plus exigeants, ce qui a conduit plusieurs sociétés de gestion à reclasser leurs fonds article 9 en article 8.
Le troisième axe des « préférence de durabilité » est relatif à la prise en compte des « incidences négatives » de l'investissement sur le développement durable, comme par exemple, les émissions de gaz à effet de serre, le traitement des déchets dangereux, ou encore la violation des droits de l'homme.
Quelles questions les conseillers financiers vont-ils poser ?
Difficile pour les particuliers de s'y retrouver dans toutes ces notions et définitions. Heureusement, les conseillers financiers seront là pour les guider à travers un questionnaire simple qui pourra demander, par exemple, si l'épargnant souhaite préciser ses préférences ESG, en sachant qu'il n'est pas obligé de répondre par l'affirmative.
S'il entend prendre en compte les investissements durables, le questionnaire pourra l'amener à préciser s'il veut soutenir avec son épargne un objectif environnemental, comme la préservation de la biodiversité, les énergies renouvelables, et quelle part il compte y consacrer. Par ailleurs, le client sera sensibilisé à travers le questionnaire sur le fait que ses placements n'engendrent aucun impact négatif sur la lutte contre le changement climatique (ce que l'on nomme les principales incidences négatives).
Les questionnaires seront différents d'un réseau de distribution à l'autre. Reste un point important, le questionnaire de préférence ESG, extra-financier, vient en complément du questionnaire financier sur le profil de risque des clients. Ce dernier prime sur le questionnaire ESG. En d'autres termes, un épargnant qui a un profil prudent ne pourra pas se voir proposer un fonds ESG si celui-ci présente des risques en capital. Le profil de risques doit primer sur le profil de durabilité.
Choisir des conseillers formés et certifiés AMF
La finance durable n'est pas un phénomène de mode. Les organisations gouvernementales ont compris que les gestionnaires de fonds d'investissement, en tant qu'actionnaires des entreprises, seront un moteur essentiel de la transition énergétique. Mais le chemin sera long et nous ne sommes qu'au début de cette révolution écologique économique.
Comment ne pas se tromper dans ses investissements et éviter le greenwashing (1) ?
Les épargnants sensibles à la matière pourront aussi se tourner vers des conseillers formés à la finance durable. Depuis le mois de janvier 2022, un examen existe, lancé par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Les professionnels exerçant la fonction de vendeur et souhaitant disposer d'une culture générale sur le cadre institutionnel et économique de la finance durable, sont invités à le passer. Il donne lieu à une certification des conseillers en placement et en assurance vie, particulièrement utile sur leur capacité à recueillir les préférences de leurs clients en matière d'investissement durable.
(1) Technique de marketing trompeuse visant à se donner une image écologique.