Faut-il assurer son smartphone ?

Ils sont entre toutes les mains et devenus indispensables à notre quotidien. Mais tout aussi centraux soient-ils dans nos vies, les smartphones méritent-ils vraiment d’être assurés ? Si les conditions de souscription de ces assurances affinitaires se sont nettement améliorées ces dernières années, des questions demeurent encore sur leur coût et leur utilité.

Faut-il assurer son smartphone ?

Mais qui sont les assurances affinitaires ?

Développées à l'origine pour assurer des populations de personnes présentant des affinités communes (des golfeurs ou des musiciens par exemple), elles décrivent aujourd'hui les garanties accessoires rattachées à la vente d'un bien. La Fédération des garanties et assurances affinitaires (FG2A) propose d'ailleurs la définition suivante : est considérée comme affinitaire, toute garantie d'assurance, d'assistance ou service accessoire en lien avec l'univers d'un produit ou service présenté par un distributeur non-assureur et qui n'est pas le motif principal d'achat du client .

Cartes bancaires, assurance voyages, garantie panne mécanique de l'automobile, assurance des produits nomades, extension de garantie de produits électroménagers : l'assurance affinitaire s'est greffée à de nombreux achats du quotidien.


Mais réalisée par des vendeurs dont la vente d'assurance n'est pas le métier d'origine, cette commercialisation n'est pas toujours faite dans les règles de l'art, ce qui vaut à ces garanties connexes une assez mauvaise presse.

Emblème de l'assurance affinitaire, les garanties associées aux téléphones mobiles sont d'ailleurs régulièrement décriées par les associations de consommateurs pour leur opacité et leur pertinence.

En 2023, la Médiation de l'Assurance indique avoir reçu 2 115 saisines relatives à un litige concernant les assurances de téléphone portable.

Un record historique alimenté par les déboires de SFAM, un courtier spécialisé dans l'assurance des produits nomades. Régulièrement pointé du doigt par les associations de consommateurs pour ses méthodes de ventes peu scrupuleuses, le groupe avait été sanctionné d'un retrait d'agrément prononcé par l'ACPR, le gendarme des assurances, en 2023. Confronté à de nombreuses procédures judiciaires pour ses agissements commerciaux, le courtier avait ensuite été placé en liquidation judiciaire en avril 2024 par le tribunal de commerce de Paris.

Une souscription et une résiliation encadrées

Le cas extrême de SFAM a fait très mal à la réputation délicate de l'assurance affinitaire.

Alors, pour assainir le marché et restaurer un peu de confiance, un avis du Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF) est venu renforcer en début d'année les règles de ventes de ce type d'assurance. Il formalise plusieurs obligations au bénéfice du consommateur.


Il insiste d'abord sur le recueil du consentement. Dans le cadre d'une souscription en face à face, l'accord du consommateur sur le contrat d'assurance affinitaire à tacite reconduction (il s'agit d'un contrat d'assurance qui se reconduit automatiquement chaque année) doit obligatoirement se faire par signature séparée de l'acte d'achat du bien ou du service, soit sur un support papier, soit par une signature électronique spécifique portant exclusivement sur le document d'assurance.

Après la signature du contrat, une lettre de bienvenue doit impérativement être remise à l'assuré. Celle-ci doit notamment préciser :

  • le droit de renonciation dont celui-ci dispose,
  • son délai,
  • sa date de départ,
  • ses modalités d'exercice.

Elle doit également fournir les coordonnées du service ou du courtier gestionnaire en charge de la gestion du contrat et notamment de l'encaissement des primes, avec indication du montant des prélèvements.

Les règles encadrent ensuite l'obligation d'information annuelle. Chaque année, l'assureur doit adresser une information complète à l'assuré.

La plupart des contrats d'assurance de téléphone mobile sont des contrats d'un an à tacite reconduction. Depuis le 1er janvier 2015, la Loi Hamon permet une résiliation à tout moment, sans frais ni pénalité, à l'expiration d'un délai d'un an à compter de la date de souscription. L'assuré dispose également d'un délai de rétractation de 14 jours après la souscription.


Une garantie utile ?

Mais est-il bien utile d'assurer son téléphone portable ? C'est un vaste débat.

Au regard du prix de l'assurance et du coût d'un téléphone, de nombreuses associations de consommateurs considèrent que ces garanties ne sont pas avantageuses pour le souscripteur.

À titre d'exemple, assurer un iPhone 15 d'une valeur neuve d'environ 900 euros de manière assez complète (vol, écran cassé, dégâts liquides, face arrière brisée, caméra endommagée, micro/haut-parleurs cassés…) pourra représenter une cotisation comprise entre 160 et 200 euros par an.

À l'assuré, sous réserve qu'il dispose de l'ensemble des éléments contractuels lui permettant de réaliser un acte d'achat éclairé, de décider si payer parfois plus de 20 % de la valeur neuve de son bien chaque année est une bonne opération.

Dans tous les cas, il va sans dire que bien lire les conditions générales du contrat pour parvenir à identifier clairement la définition des événements couverts et les exclusions de garantie est un préalable indispensable à toute souscription.

Dans ce cadre, une attention particulière doit être portée à certains contrats, qui proposent une indemnisation financière sans qu'un remplacement à l'identique soit possible : le montant proposé peut dépendre de la dépréciation du bien assuré au fil du temps.

A vos calculettes pour voir si l'assurance du téléphone portable vaut… le coût !