
L'heure n'est pas à la détente sur le front des tarifs en assurance automobile et habitation. Ce n'est pas un secret, les avis d'échéance 2026 qui arriveront prochainement dans les boîtes aux lettres risquent une nouvelle fois de faire mal au portefeuille des ménages.
Une habitude. En 2024 et 2025 déjà, toutes les flèches étaient pointées vers le haut : + 5,5 % suivi de + 5 % pour l'auto, et + 6,6 % suivi de + 11 % pour l'habitation, selon les chiffres rapportés par le cabinet Facts & Figures.
Et pour 2026, ce sont des hausses moyennes de 4 à 5 % pour l'automobile et de 4 à 6 % pour l'habitation qui seraient à prévoir. Pourquoi de telles évolutions qui contrastent avec une inflation des prix à la consommation désormais endormie sous les 1 % Plusieurs raisons. D'abord, juger la variation des prix de l'assurance au regard de l'évolution de l'inflation générale telle que calculée par l'INSEE revient à comparer des choux et des boules de pétanques. Ça n'a pas de sens. De la même manière que le prix de la baguette de pain du boulanger dépend du coût de la farine, les tarifs habitation et auto des assureurs sont liés à la sinistralité et aux coûts de réparation associée. Deux paramètres qui ont explosés depuis 2020. Mais il faut aussi regarder un peu dans le rétroviseur pour comprendre la hausse des prix de l'assurance depuis 2024.
Des assureurs mesurés dans les années les plus sinistrées
Souvenez-vous, c'était en septembre 2022. Du fait de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'inflation revient au galop. Face à la crise du pouvoir d'achat qui frappe les Français, les pouvoirs publics cherchent des amortisseurs et négocient un pack anti-inflation avec les assurés. A la clé, la promesse des assureurs de ne pas augmenter leurs tarifs auto et habitation au-delà du niveau d'inflation moyen en 2022 et 2023. Un engagement pris dans un contexte où le territoire connaît une succession d'événements climatiques majeurs : grêle, sécheresse, tempête…Le climat se déchaîne. Avec 10,4 milliards d'euros de coût lié aux catastrophes naturelles, l'année 2022 atteint d'ailleurs un niveau de sinistralité climatique jamais vu depuis 1999 et les tempêtes Lothar et Martin. Et 2023, avec une charge de 5,7 milliards, continue de maintenir le poids des sinistres à un niveau très élevé comparé à la moyenne décennale.
L'addition est salée pour des assureurs. Mais du fait du pacte passé avec le ministère de l'Économie et des Finances, ils ne disposent pas de marges de manœuvres pour rééquilibrer leurs comptes en augmentant les tarifs.
Sans doute faut-il donc voir une forme de rattrapage des exercices précédents dans les tarifs auto et habitation 2024 et 2025.
Il faut sauver le régime CAT NAT
Mais surtout, l'année 2025 marque une nouveauté importante pour l'assurance et l'indemnisation des catastrophes naturelles. Pour permettre une prise en charge solidaire les risques climatiques, la France fait fonctionner un partenariat public-privé depuis 1982. Il s'agit du régime CAT NAT piloté par la Caisse Centrale de Réassurance (CCR). Il permet aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités d'être indemnisés en cas de sinistre lors d'un événement « catastrophe naturelle » matérialisé par la publication d'un arrêté du même nom. Mais la sinistralité galopante de ces dernières années a fait plonger la jauge des réserves de la CCR dans le rouge. « La Caisse Centrale de Réassurance (CCR) bénéficie d'une garantie illimitée de l'État pour couvrir les sinistres liés aux catastrophes naturelles. Cette garantie s'active lorsque le coût annuel dépasse 90 % des réserves de la CCR », explique la plateforme des finances publiques et du budget. Or, le niveau des réserves du réassureur public a diminué de 46 % entre 2015 et 2022. Alors, pour redresser les comptes, l'État décide d'augmenter les ressources du régime CAT NAT. Un régime alimenté par une surprime qui touche tous les contrats automobile et habitation du marché français. Une manière de mutualiser l'exposition de tous au risque climatique d'intensité. L'augmentation de la cotisation CAT NAT effective au 1er janvier 2025 est significative : elle passe de 6 à 9 % sur les contrats automobiles et de 12 à 20 % pour les contrats d'assurance de dommages aux biens (habitation et professionnels). Un relèvement qui explique en partie pourquoi les assurés ont vu leurs primes automobiles et surtout habitation bondir en 2025.
La dérive du coût des sinistres
Mais la hausse de la surprime n'explique pas l'inflation des tarifs qui se profilent en 2026. D'autant que cette année, la météo a jusqu'à présent été plutôt clémente avec les assureurs. Attention quand même au dernier trimestre de l'année, qui peut réserver de mauvaises surprises.
Mais il faut surtout lire dans l'inflation continue des primes d'assurance la dérive structurelle des coûts de réparation. En habitation, la répétition des événements climatiques renchérit le coût des matériaux et provoque parfois des tensions ou pénuries sur certains métiers. De même en automobile, où l'évolution du coût moyen des réparations est un casse-tête structurel que les assureurs ne parviennent pas à résoudre. L'une des causes avancées ? Le monopole des constructeurs automobiles sur les pièces détachées. Plombés depuis plusieurs années par la baisse des ventes de véhicules, les constructeurs reportent leur marge sur la réparation. Une politique qui fait mécaniquement grimper la facture pour les assureurs, qui reportent à leur tour ces renchérissements sur les primes d'assurance.
Depuis 5 ans, l'observatoire des sinistres de l'association SRA, qui analyse les données de la mobilité et de l'assurance, rapporte une évolution du coût moyen de la réparation compris, bon an mal an, entre 6 et 10 %. Soit à un niveau très au-delà des chiffres de l'INSEE que nous évoquions plus haut. Pour tenter d'enrayer ce phénomène, les assureurs tentent de s'organiser : animation de réseaux de réparateurs, utilisation de la pièce de réemploi au lieu des pièces neuves…Mais les marges de manœuvres restent limitées et ne permettent pas encore de peser en bout de chaîne sur les tarifs.
Reste à l'assuré la possibilité de profiter de l'une des particularités du marché français de l'assurance automobile et habitation : celui d'être l'un des plus compétitifs au monde. Le nombre important d'acteurs, même s'ils sont tous confrontés aux mêmes problématiques, permet de facilement faire jouer la concurrence. Et, si vous trouvez la facture trop élevée à la réception de l'avis d'échéance, un coup de fil à votre assureur pour faire le point sur les niveaux de garantie du contrat peut s'avérer utile.