Le récent rapport de la commission d'enquête du Sénat sur la pénurie de médicaments en France a mis en évidence une situation alarmante et inquiétante. Après des mois d'auditions et de recherches, les sénateurs ont dressé un constat sévère de la politique du médicament dans le pays. La pénurie, en particulier celle touchant les médicaments anciens, s'est aggravée ces dernières années, avec plus de 3?700 signalements de ruptures de stock l'hiver dernier.
Pénurie de médicaments, un scandale sanitaire mondial
Le rapport de la commission sénatoriale est catégorique : la pénurie de médicaments est devenue un problème sanitaire majeur, mettant en péril la santé et le bien-être des citoyens français. La situation s'est considérablement détériorée depuis 2018, avec une augmentation significative des signalements de ruptures de stock.
Au cœur de la pénurie de médicaments en France se trouvent notamment les médicaments anciens, dont beaucoup sont essentiels pour le traitement de nombreuses pathologies, y compris certains anticancéreux. Leur importance dans les soins de santé quotidiens est indéniable, et leur disponibilité revêt un caractère vital.
Autre aspect inquiétant : la pénurie de médicaments met en péril l'accès aux traitements pour les patients, car même s'ils sont remboursés par l'Assurance maladie et les mutuelles santé, ils peuvent être introuvables en raison de leur rareté sur le marché.
Les rapporteurs dénoncent le manque d'anticipation de cette triple épidémie hivernale de Covid, grippe et bronchiolite par les pouvoirs publics et les industriels. Ils considèrent cette pénurie de médicaments comme «alarmante et inacceptable», et exigent des mesures immédiates pour garantir l'accès aux traitements vitaux.
Des solutions urgentes pour endiguer la crise
Face à ce constat alarmant, le rapport de la commission sénatoriale propose des solutions concrètes pour en finir avec la pénurie de médicaments et renforcer l'approvisionnement du marché.
Hausse des prix sous conditions
Si l'augmentation des prix peut être un moyen d'inciter les industriels à constituer des stocks, les sénateurs insistent sur la nécessité de conditionner cette mesure.
Ils préconisent de lier cette hausse des prix à l'obligation pour les entreprises pharmaceutiques de prévoir des stocks suffisants de médicaments matures, afin de prévenir toute pénurie.
Coordination européenne pour la disponibilité des médicaments
La commission sénatoriale appelle à une réponse européenne coordonnée pour faciliter le transfert de stocks entre les pays de l'Union. Pour y parvenir, il est important d'harmoniser les règles de conditionnement et d'étiquetage des médicaments, et d'opter pour la dématérialisation des notices de certains produits essentiels.
Une collaboration renforcée entre les nations européennes est indispensable pour résoudre cette crise sanitaire d'envergure.
Exiger des contreparties pour les aides publiques
Les sénateurs déplorent le manque d'efficacité des incitations fiscales dont bénéficient les laboratoires pharmaceutiques en France.
Ils recommandent donc de réorienter ces aides publiques vers la production de médicaments essentiels, en exigeant des engagements concrets, tels que le maintien de la présence industrielle sur le territoire français et la localisation de la propriété intellectuelle.
Optimisation du plan de relance «France 2030»
Le rapport met en lumière le faible impact des projets financés par le plan de relance sur la relocalisation de la production de médicaments essentiels en France.
Les sénateurs soulignent la nécessité d'analyser attentivement ces projets afin de renforcer leur efficacité et leur contribution à la résolution de la crise.
- Le rapport de la commission d'enquête du Sénat sur la pénurie de médicaments est un signal d'alarme qui exige une action concertée et immédiate.
- Face à cette crise sanitaire majeure, il est crucial que les pouvoirs publics, les industriels et les acteurs de la santé unissent leurs forces pour garantir l'accès aux traitements vitaux.
- Les solutions proposées par les sénateurs offrent un cadre solide pour mettre fin à cette pénurie, préserver la santé des citoyens et renforcer la résilience du système de santé français.