
La genèse du socle de protection sociale universelle (SPSU)
Comprendre l'émergence du SPSU nécessite un retour sur l'histoire des systèmes de protection sociale et une analyse des défis contemporains qui ont motivé cette initiative mondiale.
Qu'est-ce que le socle de protection sociale universelle ?
Le SPSU vise d'abord à garantir à chacun l'accès à des soins de santé essentiels, de qualité, sans que la question financière ne devienne un obstacle. Car dans de nombreux contextes, se soigner reste un luxe, et une maladie peut suffire à faire basculer une famille dans la pauvreté.
Il s'agit aussi de sécuriser un revenu minimum pour les personnes sans emploi, les travailleurs précaires ou encore celles en incapacité de travailler. Ce revenu de base, en complément de prestations sociales adaptées, permettrait de préserver la dignité et l'autonomie économique de millions d'individus.
Au-delà de la santé et du revenu, ce projet vise à faciliter un accès effectif aux besoins fondamentaux : eau potable, alimentation, logement, éducation. Autant de droits encore trop souvent inaccessibles dans de nombreux pays, ou fortement inégalitaires au sein même des sociétés.
L'ambition est plus large qu'un simple programme de redistribution. Il s'agit de réinjecter de la justice sociale au cœur de la mondialisation, en réduisant les écarts de richesse et en renforçant la cohésion entre les pays et les populations.
Enfin, il pourrait jouer un rôle stratégique dans la stabilité économique mondiale. À l'image de l'Assurance Maladie (ou Sécurité sociale) en France, qui offre une couverture de base à tous les résidents, ou des systèmes de mutuelles de santé, souvent complémentaires, qui permettent d'élargir l'accès aux soins tout en allégeant la charge financière pesant sur les ménages, une telle structure globale favoriserait la productivité, soutiendrait la consommation intérieure et contribuerait à prévenir les effets dévastateurs des crises économiques futures.
Les nouvelles formes de travail : catalyseurs d'un SPSU
La mondialisation numérique impose de repenser la solidarité : ce n'est plus l'emploi qui protège, mais la personne.
Télétravail transfrontalier, plateformes numériques, intelligence artificielle… Ces mutations bousculent les fondements traditionnels de l'emploi, rendant obsolète un système de protection sociale adossé au contrat de travail salarié. Chauffeurs de VTC, freelances, micro-tâcherons du numérique ou employés virtuels sans frontières échappent aux filets de sécurité classiques.
Dans ce contexte, le socle de protection sociale universelle propose un changement de paradigme : découpler les droits sociaux du statut professionnel pour garantir un minimum de protection à toutes les personnes, quel que soit leur lieu de résidence ou leur activité. Cela permettrait notamment d'assurer un filet de sécurité aux travailleurs dits « atypiques », dont le nombre ne cesse de croître.
L'enjeu est double : offrir un socle équitable dans un monde du travail de plus en plus fragmenté, tout en évitant une course vers le moins-disant social, source d'instabilité économique et politique. Le SPSU pourrait ainsi devenir un levier de régulation dans une économie mondialisée où la flexibilité ne doit pas rimer avec insécurité.
Financement : un défi majeur
Le financement du SPSU reste un enjeu crucial, surtout pour les pays à faible et moyen revenu. Selon l'OIT, ces pays doivent investir 1,4 trillion de dollars par an pour garantir un minimum de protection sociale, soit environ 3,3 % de leur PIB. Pour les plus faibles revenus, ce montant équivaut à plus de la moitié de leur PIB, ce qui rend le financement interne souvent impossible.
Pour répondre à ce défi, des initiatives émergent, comme l'Accélérateur mondial qui mobilise les banques publiques de développement, ou des partenariats internationaux tels que l'USP2030 et le SPIAC-B, qui favorisent la coordination et le soutien financier mondial.
Les multinationales : acteurs clés du changement
Dans un monde globalisé, les entreprises multinationales ne sont plus de simples acteurs économiques : elles façonnent les politiques sociales par leurs choix stratégiques et leurs pratiques. Entre opportunités d'amélioration et risques de régression sociale, leur influence sur les systèmes de protection mérite un examen approfondi.
Où en est la mise en œuvre du projet aujourd'hui ?
Plus de 52% de la population bénéficie désormais d'une protection sociale partielle, mais à ce rythme, la couverture universelle ne sera atteinte qu'en 2073 selon l'OIT.
Des pays comme le Brésil, avec ses micro-pensions pour les personnes âgées vulnérables, l'Équateur, qui développe des transferts monétaires conditionnels, ou encore l'Afrique du Sud, où la protection sociale inclut progressivement les travailleurs informels, montrent la voie.
Cependant, des freins subsistent, notamment la crainte d'une hausse du coût du travail dans certains pays émergents et l'exclusion persistante des travailleurs informels, des femmes et des populations rurales. Pour avancer, il est essentiel de renforcer la coopération internationale, d'adapter les politiques nationales aux réalités locales et de garantir un financement stable et durable.
FAQ – Questions fréquentes sur le socle de protection sociale universelle
Qu'est-ce que le socle universel de protection sociale ?
Une initiative mondiale visant à garantir à chaque individu un accès minimum à la santé, à un revenu de sécurité et aux services essentiels. Ce projet ambitionne de réduire les inégalités mondiales en s'appuyant sur des standards définis par l'OIT et soutenus par l'ONU.
Comment les multinationales influencent-elles la protection sociale ?
Les multinationales impactent la protection sociale de multiples façons : par leurs choix d'implantation (qui peuvent créer ou détruire des emplois protégés), leurs stratégies de rémunération, et leur capacité à négocier des avantages fiscaux qui affectent le financement des systèmes sociaux nationaux.
Quels sont les avantages pour les entreprises ?
Un socle de protection sociale solide offre aux entreprises une main-d'œuvre plus stable, productive et qualifiée. Il réduit les risques sociaux, améliore le climat des affaires et crée des marchés de consommation plus dynamiques. À long terme, cela favorise un développement économique durable.
Quelles sont les principales critiques des systèmes actuels ?
Les critiques portent sur l'inégalité d'accès entre pays riches et pauvres, l'exclusion des travailleurs informels, la complexité administrative, et la pression concurrentielle qui pousse certains pays à réduire leurs protections sociales pour attirer les investissements.
Où en est la mise en œuvre mondiale ?
Au rythme actuel, la couverture universelle ne sera atteinte qu'en 2073 selon l'OIT. Des freins persistent : financement insuffisant, réticences politiques, et craintes d'impact sur la compétitivité. Cependant, l'inscription dans l'Agenda 2030 des ODD maintient la dynamique internationale.