Les compléments alimentaires peuvent-ils être remboursés ?

Environ 6 Français sur 10 ont déjà acheté des compléments alimentaires : vitamines, magnésium, probiotiques ou extraits de plantes. Pourtant, la question du remboursement revient régulièrement, surtout quand on sait que ces achats peuvent représenter un budget conséquent sur l'année.

La réponse n'a rien d'évident, car ces denrées occupent une position particulière entre aliment et traitement. Alors, peut-on espérer une prise en charge ? Et si oui, dans quelles conditions ?

En résumé

Ce qu'il faut retenir

  • Les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments. Dès lors, ils n’ont pas besoin d’autorisation de mise sur le marché, et ne font donc pas profiter de remboursement automatique.
  • La Sécurité sociale ne rembourse quasiment jamais, sauf les DADFMS (denrées alimentaires destinées à des fins médicales spéciales) pour dénutrition ou cas très particuliers (grossesse, chirurgie bariatrique).
  • Si remboursement il y a, celui-ci est conditionné : prescription médicale, achat en officine, produit remboursable.
  • Enfin, certaines mutuelles couvrent partiellement, selon les options souscrites et souvent sous forme de forfait annuel.
Remboursement des compléments alimentaires

Les compléments alimentaires, qu'est-ce que c'est ?

Un complément alimentaire se définit comme une denrée permettant de compléter un régime normal. On le trouve sous forme de doses : gélules, comprimés, sachets, ampoules. À l'intérieur, on retrouve des vitamines, des minéraux, des oligo-éléments ou d'autres nutriments. Leur objectif ? Combler des carences nutritionnelles et atténuer certains inconforts du quotidien.

La différence avec un traitement classique tient en une phrase : le complément préserve un état physiologique normal et limite les facteurs de risque d'une maladie, là où le médicament prévient ou soigne une pathologie avec un effet curatif prouvé. Ce dernier passe par des tests rigoureux d'efficacité et de toxicité avant d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM). Le complément, lui, n'est pas soumis aux mêmes exigences scientifiques et ne peut prétendre guérir une maladie.


Le remboursement par l'Assurance Maladie : dans quels cas ?

La majorité des compléments alimentaires ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, car ils ne sont pas considérés comme des traitements pharmaceutiques, mais comme des médecines douces. Seules quelques exceptions existent.

Les aliments diététiques pour nutrition orale (CNO), visant à corriger la dénutrition, peuvent être remboursés à 65% sur prescription, et délivrés en officine. D'autres cas particuliers incluent l'acide folique pour certaines femmes enceintes, ou la nutrition spécifique après chirurgie bariatrique, à condition d'être prescrits et délivrés en pharmacie.

Quels compléments alimentaires sont remboursés ?
Pour les carences, certains médicaments comme Tardyferon ou Fumafer sont pris en charge, mais pas les gélules vendues en parapharmacie, même avec ordonnance. Le magnésium n'est remboursé que dans le cadre exceptionnel de certaines affections de longue durée (ALD).

Mais alors comment savoir si un complément est remboursable ?
Il faut vérifier son statut : elle doit être reconnue comme médicament, figurée sur la liste officielle de la HAS (haute autorité de santé) et être prescrite par un professionnel de santé. Sans ces critères, aucune prise en charge n'est possible.

Mutuelles : que peuvent-elles rembourser ?

Les mutuelles santé peuvent offrir un coup de pouce là où la Sécurité sociale s'arrête. Certaines proposent une couverture partielle ou totale des traitements non pris en charge par l'Assurance Maladie. Ce type de garantie se présente généralement sous forme de forfait annuel : une somme fixe allouée pour les frais non couverts.

Mais là encore, rien n'est systématique. Les compléments ne sont pas des traitements classiques, donc les mutuelles ne les intègrent pas automatiquement dans leurs garanties. Certaines le font, d'autres non. Les conditions varient énormément d'un contrat à l'autre : prescription exigée, limitation à certaines catégories, plafond de remboursements…

Le mieux reste de vérifier les conditions précises de votre contrat. Si vous consommez régulièrement ces suppléments, vous pouvez aussi opter pour une mutuelle proposant des garanties médecines douces, qui couvrent parfois ce type de dépenses dans un forfait global.


Alternatives remboursées aux compléments alimentaires

Quand un complément n'est pas couvert, existe-t-il une alternative qui le serait ? La réponse dépend de votre situation médicale.

Si vous souffrez d'une carence avérée et documentée, votre praticien peut vous prescrire un traitement plutôt qu'un supplément nutritionnel. Ces traitements, parce qu'ils disposent d'une AMM (autorisation de mise sur le marché), sont couverts par la Sécurité sociale.

Pour les personnes âgées ou en situation de dénutrition, les DADFMS (denrées alimentaires destinées à des fins médicales spéciales) constituent l'alternative couverte. Ces références, prescrites par un praticien, permettent de corriger un état nutritionnel déficient et sont prises en charge à 65% par l'Assurance Maladie.

L'astuce consiste donc à consulter dès qu'on suspecte une carence. Un bilan sanguin permettra de confirmer le déficit et d'obtenir une prescription adaptée, avec la possibilité d'une couverture si la référence prescrite entre dans le cadre des traitements ou des DADFMS.

Quelles sont les démarches pour demander un remboursement ?

D'abord, vous devez avoir une prescription. Sans ordonnance, aucune prise en charge n'est possible, même pour les références qui pourraient théoriquement être prises en charge. Cette ordonnance doit mentionner clairement la référence et la durée du traitement.

Ensuite, l'achat doit être effectué en officine. Les compléments achetés en parapharmacie, sur internet ou en magasin bio ne sont jamais couverts par l'Assurance Maladie, même avec une ordonnance. Seules les officines peuvent délivrer des références ouvrant droit à un remboursement de la mutuelle.

Au moment de l'achat, présentez votre carte Vitale et votre ordonnance. Si la référence est remboursable, le pharmacien effectuera le tiers payant. Dans certains cas, vous devrez avancer les frais, puis envoyer la feuille de soins à votre caisse pour obtenir la prise en charge.

Conseils concernant la déclaration et la demande de remboursements
Conserver toutes les preuves d'achat, respecter les prescriptions, et déclarer correctement chaque dépense dans son espace personnel ameli.fr ou auprès de sa mutuelle facilite le traitement du dossier et évite les refus liés à un oubli de justificatif.


Cas d'usage fréquents : que se passe-t-il ?

Cure de vitamine D "complément" achetée en parapharmacie

Vous ressentez de la fatigue en hiver et décidez d'acheter une cure de vitamine D en parapharmacie, sans consulter. Dans ce cas, aucune prise en charge n'est possible, ni par l'Assurance Maladie, ni par votre mutuelle. La référence n'a pas été prescrite et n'a pas été achetée en officine. Vous payez l'intégralité du prix.

Déficit documenté en fer / B9 avec médicament prescrit

Vous vous sentez fatigué, votre praticien prescrit un bilan sanguin qui révèle un déficit. Il vous fait alors une ordonnance avec du Tardyferon et de l'acide folique. Ces traitements disposent d'une AMM.

Vous allez en officine, présentez votre ordonnance et votre carte Vitale. Le pharmacien applique le tiers payant : l'Assurance Maladie rembourse 65% du prix, et votre mutuelle complète généralement le reste à charge.

Dénutrition chez un senior avec DADFMS prescrite

Madame Dupont, 78 ans, a perdu beaucoup de poids suite à une hospitalisation. Son praticien constate un état de dénutrition et lui prescrit des compléments nutritionnels oraux (CNO), des DADFMS disponibles en officine.

Elle se rend à l'officine avec son ordonnance. Le pharmacien lui délivre les références prescrites et applique le tiers payant. La Sécurité sociale rembourse 65% du coût, et sa mutuelle prend en charge tout ou partie du reste à charge.


FAQ

FAQ - Questions fréquentes sur le remboursement des compléments alimentaires

Les compléments alimentaires sont-ils remboursés par la Sécu ?

Dans la très grande majorité des cas, non. La Sécurité sociale ne couvre que les traitements disposant d'une autorisation de mise sur le marché. Les compléments, considérés comme des denrées alimentaires, n'entrent pas dans ce cadre. Seules exceptions : les CNO (compléments nutritionnels oraux) en cas de dénutrition et quelques situations très spécifiques (carences documentées durant la grossesse, post-chirurgie bariatrique).

Ma mutuelle peut-elle rembourser mes compléments ?

Cela dépend entièrement de votre contrat. Certaines mutuelles proposent un forfait annuel pour les frais non couverts par la Sécurité sociale, dans lequel peuvent entrer ces dépenses. Consultez les conditions générales de votre contrat ou contactez directement votre organisme complémentaire.

Vitamine D/fer achetés sans ordonnance : remboursés ?

Non. Pour qu'une référence soit couverte, deux conditions sont nécessaires : une prescription et un achat en officine. Si vous achetez sans ordonnance, même en officine, aucun remboursement ne s'appliquera.

Que sont les DADFMS et sont-elles prises en charge ?

Les DADFMS (denrées alimentaires destinées à des fins médicales spéciales) sont des références nutritionnelles prescrites pour corriger un état de dénutrition. On les retrouve sous forme de CNO (compléments nutritionnels oraux). Elles sont couvertes à 65% par la Sécurité sociale sur prescription et délivrance en officine.

Y a-t-il des aides spécifiques selon l'âge ou l'ALD ?

L'âge en lui-même ne donne pas droit à un remboursement spécifique. En revanche, certaines situations liées à l'âge (dénutrition chez les seniors) peuvent justifier la prescription de DADFMS, qui elles sont couvertes. Concernant les ALD (affection de longue durée), certains suppléments comme le magnésium peuvent être pris en charge à titre dérogatoire.

Quelles différences entre médicament et complément alimentaire ?

Le traitement classique possède un effet curatif prouvé : il prévient, traite ou guérit une pathologie. Il passe par des tests rigoureux avant d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM). Le complément vise à combler des carences et à préserver un état physiologique optimal. Il n'a pas d'effet curatif revendiqué et n'est pas soumis aux mêmes exigences. Cette différence de statut explique pourquoi les premiers sont couverts et les seconds, dans leur immense majorité, ne le sont pas.

À propos de l'auteur
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