Abattement fiscal des retraités, débat entre équité et contraintes budgétaires

La suppression de l’abattement fiscal de 10 % accordé aux retraités français est envisagée, alors que le gouvernement recherche 40 milliards d’euros d’économies par le pour le budget 2026. Cette mesure permettrait de réduire les dépenses de cinq milliards d’euros par an. Néanmoins, elle suscite des réactions contrastées au sein de la classe politique et de l’opinion publique. Si Bercy explore cette piste, aucune décision définitive n’a été annoncée par les ministres concernés.

Abattement fiscal des retraités, débat entre équité et contraintes budgétaires

Une situation financière des retraités jugée « relativement favorable »

Contrairement à une idée répandue, la Cour des comptes a récemment souligné une situation financière « relativement favorable » des retraités en France. En fin 2022, ces derniers percevaient une pension mensuelle brute d'environ 1?626 euros et la proportion de personnes dans cette catégorie vivant en dessous du seuil de pauvreté s'établissait à 10,8 %. En comparaison, le taux moyen à l'échelle nationale s'élevait à 14,4 %.

Les Sages de la rue Cambron ajoutent que

Le niveau de vie des retraités français est comparable à celui des actifs, avec un ratio de 99,8 % contre 87,8 % en Allemagne et dans la moyenne des pays de l'OCDE.

Cette équivalence s'explique notamment par un taux de propriété plus élevé chez les seniors, réduisant les dépenses liées au logement (loyer, remboursement d'un crédit immobilier…).

Un élément clé contribuant à la situation actuelle des retraités est l'indexation automatique de leurs pensions sur l'inflation, une disposition du Code de la Sécurité sociale applicable à tous les régimes de base. Cette règle assure un maintien du pouvoir d'achat face à l'augmentation des prix.

En revanche, la revalorisation salariale en fonction de l'inflation ne concerne qu'une minorité de travailleurs du secteur privé (14,6 %). En 2024, ils n'étaient ainsi que 2,7 millions à en bénéficier. D'ailleurs, de plus en plus de Français préparent leurs vieux jours, notamment via le Plan Épargne Retraite (PER) .

Une inversion de tendance attendue à l'horizon 2045

Cependant, l'institution anticipe un renversement de cette situation d'ici une vingtaine d'années. En effet, la pension de retraite nette moyenne ne devrait augmenter que de 0,2 % à 0,3 % par an sur la période 2025-2045, contre 0,8 % à 0,9 % pour les salaires.

Ce décalage pourrait progressivement faire passer le niveau de vie des retraités en dessous de celui des actifs.

Selon la Cour, il s'explique par le fait que

Les gains de productivité bénéficieront principalement aux revenus d'activité, tandis que les pensions resteront indexées sur l'inflation.

Par ailleurs, des disparités significatives persistent au sein de cette population. Les pensions de droit direct des hommes dépassent de 38 % celles des femmes. Même en intégrant les pensions de réversion dans le calcul, une différence de 26 % est observée. Ces divergences sont attribuées à des carrières professionnelles souvent fractionnées et plus courtes, ainsi qu'à un recours plus fréquent au temps partiel et aux inégalités salariales.

En résumé

Ce qu'il faut retenir

L’essentiel
  • La suppression de l’abattement fiscal des retraités est envisagée pour réaliser des économies budgétaires.
  • La Cour des comptes estime que les retraités ont actuellement une situation financière globalement favorable comparée aux actifs et à d’autres pays.
  • L’indexation des pensions sur l’inflation constitue un avantage significatif pour le maintien du pouvoir d’achat des retraités.
  • Une inversion de tendance est prévue d’ici 2045, avec un niveau de vie des seniors, qui devrait devenir inférieur à celui des actifs.
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