
Une procédure technique
Regrouper ses anciens contrats — PERP, Madelin, Perco ou article 83 — au sein d'un PER offre la possibilité de consolider ses droits et de disposer d'une vision globale de son épargne retraite. Depuis l'adoption de la loi PACTE en 2019, cette opération a été largement facilitée grâce à la portabilité des avoirs, organisée en trois volets : versements volontaires, épargne salariale et cotisations obligatoires. Les frais associés sont encadrés, limités à 1 % pour les contrats de moins de cinq ans, puis supprimés pour les produits plus anciens.
La migration vers un PER ne se limite pas à une simple formalité.
Les avoirs détenus en unités de compte ou en supports immobiliers doivent d'abord être convertis en liquidités, ce qui peut nécessiter la cession de positions défavorables et temporairement peser sur la performance,
souligne Sylvie Rochu, fiscaliste chez Milleis Banque Privée.
Le timing de l'opération revêt une importance particulière : un transfert réalisé en période de forte volatilité peut réduire l'exposition aux marchés et faire manquer un éventuel rebond.
Par ailleurs, certains fonds en euros ne versent leurs intérêts qu'une fois par an, ce qui peut retarder la valorisation définitive des sommes transférées.
Le processus, qui peut s'étendre sur plusieurs semaines, voire jusqu'à six mois selon les supports concernés, suspend temporairement la possibilité d'effectuer de nouveaux versements. Les épargnants souhaitant optimiser la déduction fiscale annuelle doivent donc anticiper cette période pour ne pas perdre les avantages liés aux versements.
Comparer les performances et frais entre l'ancien et le nouveau contrat reste indispensable pour garantir que le transfert apporte un réel bénéfice.
Frais et performance : des écarts significatifs sur le long terme
Au-delà du simple coût de portabilité, il convient d'examiner attentivement les charges annuelles et la qualité du PER choisi. Certains contrats en ligne proposent des frais de gestion compris entre 0,3 % et 0,4 %, tandis que des solutions plus classiques peuvent dépasser 1 %.
Sur une période de trente ans, avec un rendement moyen de 4 % par an, cette différence peut se traduire par un capital final de 324 000 euros contre 289 000 euros, soit 35 000 euros de gain potentiel grâce simplement à la maîtrise des coûts.
La performance ne dépend toutefois pas uniquement des frais : la variété des supports disponibles, la solidité de l'assureur et l'efficacité de la gestion sont des critères essentiels. Multiplier les changements de contrat peut être contre-productif, puisque chaque opération entraîne la cession et le réinvestissement des actifs, des périodes sans rendement et des commissions d'entrée parfois supérieures à 5 %.